Petit guide du Fediverse 2025

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Bonjour à tou·te·s ! 👋

Bienvenue sur ce guide autour du Fediverse. J’imagine que si vous lisez ceci, c’est le sujet vous intéresse et, peut-être même, que ça vous intimide. C’est totalement compréhensible, ne vous en faites pas. Une fois que vous aurez terminé ce guide, vous pourrez l’expliquer à votre tour.

Moi, c’est Alysson, je suis développeuse web. Mon travail consiste à créer et/ou à maintenir des applications web. Mon expérience avec le Fediverse est plutôt grande ; au tout début de Mastodon sur l’instance Framapiaf de Framasoft, ensuite Hostux.social et en janvier 2021, migration sur ma propre instance Pleroma. Mon travail avec ce guide est de tout vulgariser pour que vous puissiez comprendre comment tout ça fonctionne. 💪

Le Fediverse, c’est quoi, exactement ?

Le nom « Fediverse » est un néologisme pour “Federated universe” ou “Univers fédéré” pour les francophones. Il s’agit de l’ensemble du réseau communiquant autour d’un seul et même protocole d’échange d’informations.

Un premier cercle symbolisant le fediverse avec différents éléments symbolisants des instances et la miene au centre, avec des flèches entre les instances et la mienne. Il y a également des flèches entre les instances pour symboliser la communication entre elles.
Le Fediverse, ses connexions et inter-connexions autour de mon instance

Dans cet exemple, le Fediverse englobe plusieurs éléments :

  • Piaille.fr ; une instance Mastodon francophone généraliste.
  • Framapiaf.fr ; une autre instance Mastodon francophone.
  • Sciences.re ; une instance Mastodon francophone centrées autour des sciences.
  • Eldritch.cafe ; instance Mastodon également francophone mais centrée sur la communauté LGBTQIA+ et/ou féministe.
  • Pix.diaspodon.fr ; instance PixelFed généraliste francophone.
  • Write.as ; instance WriteFreely généraliste.
  • Social.alyve.be ; ma propre instance Pleroma, pour moi et mon partenaire.

Instant vocabulaire : une instance c’est un endroit où le logiciel est installé et où il est fonctionnel. De manière pratique, mon serveur social.alyve.be fait tourner le logiciel Pleroma, ça devient donc une instance de Pleroma.

En résumé, l’ensemble des cercles symbolisent des instances du Fediverse qui communiquent entre elles. C’est l’ensemble des réseaux qui forment le Fediverse. Mais là, j’ai commencé à parler d’instance, de logiciels, ça commence doucement à se complexifier. Mais pas d’inquiétudes, on va couper la poire en deux et nous allons voir ce qu’est l’un et l’autre ensemble. 🤞

Les logiciels du Fediverse

Comme vu ci-dessus, le Fediverse est composé d’une multitude de logiciels. Moi-même, j’ignore si je les connais tous. J’imagine que non et que c’est quand même fort culturel. Seulement, il y en a certains qui sortent du lot. Ce guide étant écrit pour tout le monde, on va voir comment chacun d’eux est utilisé et, grossièrement, pour quoi.

Mastodon

C’est souvent le premier nom dont on entend parler. En Avril 2017 a eu lieu le tout premier engouement européen pour Mastodon. Aujourd’hui encore, c’est le logiciel le plus utilisé dans la communauté et le plus connu de tous. Il est un peu mastoque vu comme ça (mastodon, mastoque, vous l’avez ? 🤭) et il est plutôt lourd comparé à d’autres. L’objectif de Mastodon est le micro-blogging, à la façon de Twitter/X ou Threads, avec des fils de messages (communément appelé threads), des images, des partages, etc.

Instant lexique : le micro-blogging c’est l’envoi de messages courts, souvent limités en nombre de caractères.

L’interface se présente comme ceci (voir ci-dessous). Une colonne avec les statuts que les personnes écrivent, la capacité de partager, de poueter (écrire un message), interagir avec d’autres utilisateur·rice·s.

Fil d’accueil sur Mastodon. À gauche, la photo de profil et un champ pour écrire un pouet. Au centre, la liste des messages des personnes qu’on suit et, à droite, des liens de navigation.
Accueil (personnes suivies) sur Mastodon

Il existe également d’autres vues que les personnes que vous suiviez :

  • Les personnes que nous suivons.
  • Le fil local ; c’est-à-dire la totalité des messages provenant de votre instance (si vous êtes sur Eldritch.café, il n’y a aura que des messages de personnes sur Eldritch.café).
  • Le fil global ; la totalité des messages reçus par votre instance provenant des utilisateur·rice·s d’autres instances, y compris venant d’autres logiciels.

Cette liste est globalement vraie pour les logiciels du Fediverse autour du micro-blogging ou du partage d’images. À noter également que Mastodon permet d’avoir ces trois listes (ainsi que nos notifications) dans une seule et même disposition avec trois colonnes.

Vous pourrez configurer des listes d’utilisateur·rice·s pour n’avoir qu’un certain thème ou certaines personnes dans un fil. Concernant votre profil, vous pouvez y ajouter des liens, un avatar/photo de profil, une couverture/en-tête, une description/biographie. Ceci est également vrai pour les autres logiciels de ce guide.

Vue de son propre profil sur Mastodon. La même colonne à gauche que précédemment, au centre notre profil avec l’en-tête, la photo de profil, les liens, la biographie, etc. Toujours des liens de navigation à droite.
Son propre profil sur Mastodon

Pleroma

Pleroma est moins connu que Mastodon et est globalement utilisé par les instances plus petites, familiales voir mono-utilisateur. Comme Mastodon, ce logiciel dispose des mêmes vues (les personnes que nous suivons, le fil local, global), des listes, des notifications, le marque-page, etc.

L’utilisation même de Pleroma consomme moins de ressources sur votre navigateur, ce qui peut être une contrainte décisive dans votre choix.

À gauche il y a le champ pour écrire un message. Juste en dessous des liens de navigation. Au centre, la liste des messages des personnes avec qui on est fédéré·e et, à droite, nos dernières notifications.
Les réseaux connus vus depuis une instance Pleroma

À l’inverse de Mastodon, les administrateur·rice·s d’instances Pleroma peuvent personnaliser ou changer l’interface que nous utilisons. Par exemple, je n’utilise pas l’interface par défaut mais Mangane, que je trouve plus joli et agréable à utiliser.

En somme, bien que Pleroma soit plus léger à l’utilisation, celui-ci offre assez de fonctionnalités pour être utilisable tous les jours, communiquer avec d’autres et, finalement, prendre son pied sur son réseau social préféré peu importe celui que nous utilisons puisqu’ils nous permettent tous d’utiliser le même réseau sous-jacent : le Fediverse.

Pour vous montrer un exemple de la diversité de ce qui est possible, voici une capture d’écran de mon instance personnelle :

À gauche des liens de navigation, un gros bouton en bas à gauche pour poster un nouveau message. Au centre la liste des messages qu’on reçoit.
Fil d’actualité de mon instance Pleroma en utilisant l’interface Mangane

D’autres logiciels de (micro-)blogging

Bien sûr, le micro-blogging sur le Fediverse ne se résume pas à Mastodon et Pleroma. Heureusement, d’ailleurs ! Il existe une multitude de logiciels, chacun avec leurs particularités, comme par exemple Misskey qui est développé par des Japonais avec, par conséquent, une ergonomie nippone.

Des liens de navigation à gauche qui sont configurables par l’utilisateur·rice avec un bouton « Publier » en bas. Au centre, un grand champ texte pour écrire avec un bouton pour publier. À droite, il y a des widgets qui sont également configurables et choisi par le propriétaire du compte.
Fil public vu depuis une instance Misskey avec ses widgets sur le côté

Peut-être aussi, selon vous, quelle est la différence entre du micro-blogging et du blogging ? La plateforme ? La taille du message ? Si votre réponse concerne la taille du message, alors il existe également une application qui permet de gérer un petit blog sur le fediverse ; WriteFreely. En plus de pouvoir écrire de longs articles, ce logiciel permet d’écrire collaborativement. Une des instances que j’ai cité sur mon schéma du début, Write.as, en est justement une.

PixelFed

Dans l’univers des réseaux sociaux, il n’existe effectivement pas que le micro-blogging. La preuve en est, Instagram est le numéro 1 chez les 18-34 ans. Actuellement, le plus gros logiciel pour partager des images est PixelFed. Son développement est plus qu’actif et des avancées sont présentes tous les mois voire chaque semaine.

À gauche une petite version de mon profil, en dessous un bouton « Publier post » et, encore en dessous, des boutons de navigation. Au centre, un poste avec une photo en grand avec mon chien dedans. Les dernières notifications sont à droite.
Vue de mon dernier status sur PixelFed sur ordinateur (il est bo mon chien hein ?)

PixelFed permet donc d’avoir un profil exclusivement pictographique. De simples photos comme Instagram ou des collections pour faire des albums de votre chat ou encore un portfolio pour votre activité professionnelle. Cher·ère·s tatoueur·euse·s, je vous attends. ❤️

Comme Mastodon ou Pleroma, celui-ci a plusieurs fils ; principal, local et global, chacun d’eux ayant le même objectif que ceux cités précédemment. À noter également que PixelFed affiche les images d’instances Mastodon ou Pleroma fédérée dans ses fils.

Des vidéos et du stream

En parlant de PixelFed et en le comparant à Instagram, on peut facilement penser que ça ne gère que les photos alors que les réels et les lives sont une part importante du contenu de l’application aujourd’hui. Et bien, sachez que le Fediverse n’est pas en reste non plus car il propose non pas une mais bien deux applications différentes pour faire tout ça.

La première est développée par l’équipe derrière PixelFed. Il s’agit de Loops.video, qui propose une plateforme pour partager de courtes vidéos en boucle. Je n’ai encore jamais essayé cette partie du Fediverse, ce n’est pas le contenu que j’ai l’habitude de consommer sur Internet.

Pour terminer la partie présentation du Fediverse, il me semble opportun de parler un tout petit peu de Peertube. Ce-dernier est le penchant streaming du monde décentralisé. Grâce à lui, on peut regarder des vidéos et les commenter, que ça soit sur une plateforme hébergeant une instance Peertube… Ou directement depuis notre feed Mastodon ou Pleroma. Cette interopérabilité n’est-elle pas magnifique ?

Applications mobiles

Jusqu’ici, je vous ai montré les logiciels du Fediverse sous le prisme d’un ordinateur classique. Quid d’un smartphone ? Et bien, sachez qu’ils ne sont pas en reste, car chaque plateforme a différents clients ou peut aussi être utilisée sur le navigateur de votre téléphone !

Il existe par exemple l’application officielle Mastodon. Il existe bien sûr d’autres applications compatibles Pleroma ou PixelFed comme Amaroq, Tusky ou encore Husky. Personnellement, j’utilise Husky pour le texte qui n’est malheureusement pas disponible sur Google Play.

  • Application Mastodon : Android : Google Play ou F-Droid et, bien sûr, sur iOS.
  • Client Mastodon Tusky pour Android, qui se veut léger : Google Play ou F-Droid.
  • Husky ; client Mastodon et Pleroma qui n’est, malheureusement, disponible que sur F-Droid.

Quant à PixelFed, actuellement utilisé sur mon navigateur, mais une application Android et iOS existe. Actuellement, j’utilise Pixelix que j’aime beaucoup.

Bonnes pratiques sur le Fediverse

En toute honnêteté, j’ignore totalement quelles sont les bonnes pratiques sur les réseaux tierces (Threads, X….). Mais sur le Fediverse textuel, il est de coutume, par exemple, de se présenter avec un pouet taggé #introduction pour que les autres puissent nous connaître, savoir ce qu’on fait, de quoi on va discuter pour avoir une idée de notre contenu. C’est également une magnifique porte d’entrée pour commencer à discuter avec d’autres personnes et à entreprendre de nouvelles relations.

Un message d’introduction avec ce que je fais sur le Fediverse avec des informations concernant le pouet comme le nombre de partages, de likes, etc.
Mon pouet de présentation

Lorsqu’on partage une image, il est aussi de coutume de décrire l’image pour les personnes malvoyantes et/ou avec des lecteurs d’écran. Et si, par exemple, vous postez votre plus beau selfie en regardant l’objectif, mettez un petit Content Warning (CW) sur le message avec « Eye contact » pour avertir sur le contenu du message. Certains CW deviennent des Trigger Warnings pour certaines personnes, faire mention de certains sujets peuvent enclencher de vives réactions chez elleux. Quand vous parlez d’un sujet grave tel, médical, pouvant impacter les personnes, n’hésitez pas à l’utiliser comme avertissement pour vos contemporains. La loi d’or est le respect d’autrui. Ce sont des règles implicites qui n’ont jamais été précisées, mais qui existent bel et bien.

Bien sûr, l’utilisation des CW et des TW n’est un automatisme pour personne. Si quelqu’un·e vous fait remarquer un manquemant, éditez votre poste pour le rajouter et ne criez pas à la censure.

Un autre point important cependant méconnu est la configuration de la langue des pouets. Cela sert, entre autre, à filtrer les messages d’une langue que nous ne parlons pas ainsi qu’à traduire les messages pour les langues étrangères. Pour plus de renseignements, je préfère vous envoyer vers le poste de Xelfen, l’auteur·rice à l’origine de cette suggestion.

Quelques ressources pour quand on emménage

Sur le Fediverse y règne une petite senteur de communauté. Certes, il y a des dramas, mais aussi de belles choses. Par exemple, le vendredi, c’est #vendrediLecture où on partage nos lectures du moment que ça soit un roman, un manga ou encore un essai. Pas d’élitisme dans ce hashtag, que de l’amour. 🥰 Lorsqu’on partage des musiques, nous avons l’habitude d’utiliser #pouetRadio pour les plus mélomanes. On y retrouve du métal, du rap, du classique. Très éclectique.

Il existe d’autres hashtags, j’ai appris récemment qu’il existe une page les regroupant. C’est beau, la communauté. Une autre initiative était #fedi22 qui permettait de trouver des personnes partageants des attraits communs comme la photographie, l’art, etc.

Récemment, lorsque Zuckerberg annonce la fédération de Threads, un pacte anti-méta fut créé et un outil a vu le jour, permettant de savoir si une instance est fédérée avec Threads. De quoi faire un choix éclairé selon nos préférences de vie privée.

Trouver son instance

Vous souhaitez toujours commencer l’aventure sur le Fediverse ? Alors, peut-être, est-il temps de vous trouver une instance sur laquelle poser vos valises. Rassurez-vous, vous pourrez changer par la suite si vous le souhaitez. 🧳

Le choix de votre instance définit souvent la façon dont on voit le Fediverse. Ça peut être très politisé comme pas du tout, ça peut parler technologie comme de droit.

Si vous êtes anglophone, alors cet outil est peut-être le plus indiqué pour vous. L’anglais utilisé dessus est assez basique. Vous devriez vous en sortir avec quelques notions. Voici une petite liste non-exhaustive si vous le souhaitez :

Si vous voulez une instance PixelFed : Pixelfed.fr, Diaspodon ou encore le répertoire de PixelFed directement accessible avec un nombre croissant d’instances.

Il en existe une multitude d’autres, ceci n’est qu’une toute petite partie du Fediverse ! Les instances dont j’ai parlé ici sont parmi les plus grosses. Rien ne vous empêche, si vous avez une connaissance dans votre entourage qui héberge ellui-même une instance de lui demander d’ouvrir ses portes pour aller sur une petite instance tranquille.

Faites vos premiers pas sur la plateforme de votre choix. Celui-ci vous appartient. Si vous avez besoin d’aide une fois arrivé, n’hésitez pas à poser la question, une âme sera toujours présente pour éclairer votre lanterne.

Déménager est possible

Quand bien même on a trouvé un joli lieu où poser ses valises, il peut arriver que, parfois, on doive déménager. Par simple préférence, évolution de la modération de son instance ou carrément absence de celle-ci, fermeture de votre instance, il existe plusieurs raisons pour lesquelles une instance peut fermer et devenir inaccessible.

Un des points noirs souvent reproché à Mastodon et Pleroma est l’absence d’importation de pouets lors d’un déménagement. On peut prévenir nos abonnés de celui-ci et les requêtes pour les suivre se feront automatiquement, il est aujourd’hui impossible de transférer la totalité de ses pouets d’une instance à une autre nativement.

Le mot de la fin

J’espère que ce guide vous aura aidé. N’hésitez pas à me laisser un message sur le Fediverse justement, mon compte est le suivant : @alyve@social.alyve.be ou par le formulaire présent sur mon blog.

Mon objectif n’est pas de vendre le Fediverse, je n’ai rien à y gagner. Le climat actuel se suffit à lui-même, où Trump revient au pouvoir, où Zuckerberg suit éhonteusement sa politique et autorise du contenu misogyne, transphobe ou encore homophobe. De nombreuses personnes cherchent des solutions pour fuir ces plateformes, ma seule ambition était de leur offrir le tremplin nécessaire. J’espère sincèrement et honnêtement avoir pu le fournir.

Je tiens également à remercier mes relecteur·rice·s et les personnes qui m’ont aidée dans la rédaction de ce guide : Snow, Dryusdan, Lord et Kazuky. ❤️

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